À l’heure où l’Union européenne envisage d’unifier les règles du financement participatif, le Brexit pourrait positionner le marché français à la première place des 27. Dans cette perspective, les leaders français sont en bonne place pour devenir des acteurs continentaux.
Une progression de 50 % entre 2016 et 2017 ! C’est ce qu’a pu mesurer France Financement Participatif lors d’une récente enquête sur le crowdfunding en France. Avec 336 millions d’euros collectés, le crowdfunding représente un tiers de la finance alternative dans l’hexagone (940 millions €). L’environnement, l’immobilier sont les secteurs les plus financés ainsi 90 % des fonds collectés sont orientés sur l’économie réelle. Bien que dynamique et n’ayant pas à rougir de ses performances, le marché français n’en reste pas moins très en retard sur le Royaume-Uni.
Un leadership en perte de vitesse
Leader, avec plus de 5 milliards d’euros collectés en 2016, le Royaume-Uni appréhende les effets, déjà bien réels, du Brexit. L’économie britannique a déjà connu une contraction de 2 % depuis le vote de 2016, soit une perte d’environ 40 milliards d’euros selon le gouverneur de la Banque d’Angleterre. Dans ce contexte, il est désormais fort probable que les cartes du marché du crowdfunding européen soient rebattues dans les mois qui viennent. L’attractivité française pourrait ainsi être renforcée par l’émergence d’acteurs aux ambitions continentales.
Des voisins dynamiques
Si le crowdfunding français se porte bien, le même phénomène est observé, à une moindre échelle parfois, dans les autres pays de l’Union. Des Pays-Bas (223 millions €) à l’Allemagne et l’Espagne (aux alentours de 200 millions €) en passant par l’Autriche (28,8 millions €), la Belgique (22 millions €) et l’Italie (12 millions €) une constante se dégage : de fortes progressions et des marchés loin d’avoir trouvé leur stade de maturité.
Vers une structuration du marché européen
Consciente de ce potentiel, la Commission s’était déjà penchée sur la question dans une note au titre évocateur « Libérer le potentiel du financement participatif dans l’Union européenne ». Le document dressait l’état des lieux d’un secteur dans lequel « 38 % seulement des plateformes avec rémunération financière […] exercent des activités transfrontières alors que près de la moitié d’entre elles aimeraient étendre leurs activités à d’autres pays de l’Union. » Les principaux freins identifiés relevaient du manque d’information et des coûts. Partant de ce constat, la Commission propose d’instaurer un passeport européen du crowdfunding. Un régime qui ne s’appliquerait qu’aux projets financés par les plateformes d’un montant maximum d’un million d’euros (calculé sur 12 mois).
Quel calendrier ?
La mise en œuvre de ce nouveau statut ne sera pas immédiate. Il faudra encore attendre au moins deux années avant son adoption définitive, le temps que le débat législatif européen suive son cours. D’ici là, la proposition de la Commission pourra peut-être prendre en compte les remarques des acteurs français du crowdfunding qui, par la voix de Financement Participatif France, ont déjà adressé une réponse au projet de la Commission. L’enjeu est de taille : un marché de plusieurs milliards d’euros sur lequel les leaders français du secteur ont tout à gagner.
Cyrille Arnoux, responsable éditorial web