Ce mardi 18 septembre, la mise en service de la première éolienne flottante française a marqué l’entrée de l’hexagone dans l’océan d’opportunités que représente l’éolien en mer.
Amorcé en 2013, le projet baptisé « Floatgen » a été implanté sur un site exploité par l’École Centrale de Nantes au large des côtes du Croisic en Loire-Atlantique. Désormais en production et raccordée au réseau depuis mardi 18 septembre, l’installation permettra d’alimenter en électricité environ 5000 habitants. De quoi couvrir l’équivalent de la population du Croisic et ses alentours.
Floatgen : une technologie innovante
Dans le détail, l’éolienne flottante culmine à 100 mètres de haut et cache dans sa nacelle une turbine de 2MW. Elle a été érigée sur un flotteur jaune de 5000 tonnes en béton creux conçu par la start-up Ideol et réalisé par Bouygues TP. À la fois flexibles et résistants à la corrosion, des câbles en nylon fixés à 33 mètres sous le niveau de l’eau ancrent l’installation à 22km des côtes [1].
La France entre enfin dans l’éolien en mer
La France s’était engagée au niveau européen à atteindre l’objectif de 6 000 MW pour l’éolien en mer d’ici 2020. Pourtant, on ne compte toujours aucun parc éolien dans les eaux de l’hexagone dont l’espace maritime de 11 millions de kilomètres carrés est le deuxième au monde [2].
Jusqu’ici, la barque a tangué pour l’éolien en mer français. Les promoteurs des six premiers parcs attribués à la suite des appels d’offres de 2011 et 2013 ont dû braver les vents contraires portés par les multiples recours. Néanmoins, le Président de la République les a finalement confirmés à l’occasion de l’un de ses déplacements en Bretagne le 20 juin 2018. En crête de vague des bénéfices économiques qu’en retirent les territoires concernés : 15 000 emplois annoncés [3].
À la recherche des Méga Watts perdus
Ces premiers parcs programmés en façade atlantique viendront amorcer le déploiement de l’éolien en mer français. Toutefois, l’objectif d’un éolien offshore à 6 000 MW pour 2020 ne sera pas atteint puisque les parcs mis en service d’ici là ne permettront d’en produire que la moitié, soit 3 000 MW [4].
Mais le Syndicat des Énergies Renouvelables reste confiant puisqu’il estime à la fois prudent et réaliste de fixer un objectif de 15 000 MW d’ici 2030. Notons que cette perspective ne concerne que l’éolien posé sur fond marin, dont le potentiel est limité. En effet, les mâts des éoliennes ne peuvent être implantés qu’à une profondeur de moins de 50 mètres [5].
L’éolien offshore flottant étend donc significativement ce potentiel puisque les parcs flottants repoussent de la barrière des 50 mètres dans une limite raisonnable liée au raccordement vers le continent. Même si cette technologie n’est pas aussi éprouvée que l’offshore fixe, l’entrée en production de « floatgen » entend marquer une avancée dans ce domaine. En outre, des parcs flottants voient déjà leur mise en service programmée dès 2021. C’est le cas d’EolMed dont la ferme pilote de 4 turbines d’une puissance totale de 24,6 MW couvrira la consommation électrique annuelle de 50 000 habitants [6].
EolMed a d’ailleurs eu recours au financement participatif sur Enerfip pour le lancement de la ferme pilote.
L’éolien offshore : une source d’énergie de premier plan en Europe d’ici 2030
Il paraît donc plus que plausible d’atteindre l’objectif des 15 000 MW fixé par le SER. On le retrouve dans le rapport de l’Association Européenne de l’Energie Éolienne (EWEA). Selon le scénario le plus optimiste, l’éolien en mer devrait pouvoir répondre à la demande européenne en énergie à hauteur de 11,3% d’ici 2030 [7].
Sources
[1] Idéol, Démonstrateur Floatgen, (source).
[2] Syndicat des Énergies Renouvelables, L’éolien en mer, ENR.fr, consulté le 27 septembre 2018, (source).
[3] Syndicat des Énergies Renouvelables, Eolien en mer, le chef de l’État confirme la concrétisation des six premiers parcs, ENR.fr, 20 juin 2018, (source).
[4] Syndicat des Énergies Renouvelables, Une feuille de route pour l’éolien en mer : 15 000 MW en 2030, Paris : SER, 12 p.
[5] ibidem.
[6] EolMed, Le projet : le parc pilote, (source).
[7] European Wind Energy Association, Wind Energy Scenarios for 2030, EWEA : août 2015, 16 p. (p. 7)